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Retour d’expérience de JUNIA sur la salle immersive multisensorielle

Mathilde VANDENBERGHE, enseignante-chercheuse en évaluation sensorielle à JUNIA Grande école d’ingénieurs, et utilisatrice d’une salle immersive multisensorielle installée par THE LAB IN THE BAG, répond à nos questions :

1. Quels ont été les principaux facteurs ou besoins qui ont conduit votre organisation à investir dans une salle immersive multisensorielle ? 

Notre équipe de recherche travaille sur l’influence du contexte sur le comportement du consommateur, en lien avec l’alimentation. Nous savons que le contexte dans lequel nous nous situons influence notre façon de manger : nous allons manger en quantités différentes et allons apprécier les plats différemment selon l’environnement dans lequel nous nous trouvons. Des paramètres tels que l’éclairage, la température ambiante, le volume sonore, le type de son, les odeurs ou encore les personnes avec qui nous partageons le moment vont avoir un impact sur notre comportement alimentaire. 

Nous avons donc souhaité investir dans une salle immersive afin de pouvoir jouer avec les contextes tout en maîtrisant les variables environnementales. Ainsi, les participants à nos études peuvent voyager d’un environnement à un autre sans avoir à sortir du laboratoire, mais ils se trouvent dans un environnement plus écologique que le laboratoire d’évaluation sensorielle normé. 

Nous avons également une activité de prestation de service. Cela étant dit, avant d’acquérir une salle immersive nous ne proposions que des tests en laboratoire d’évaluation sensorielle ou à domicile. Nous avons souhaité investir dans la salle immersive pour pouvoir proposer à nos clients un entre-deux. Imaginons qu’une entreprise souhaite étudier la saisonnalité de son produit (c’est-à-dire savoir quel produit est le plus apprécié dans un contexte donné) ou encore déterminer le meilleur contexte pour son produit. Les études dans la salle immersive peuvent répondre à ces problématiques et ainsi orienter les entreprises dans leur stratégie et le développement de leurs produits.

2. Comment la salle immersive s’inscrit-elle dans la stratégie globale de votre organisation en termes de technologie et d’innovation ? Comment la salle immersive s’intègre-t-elle dans votre processus de création et de développement de produits ou de services ? 

La salle immersive s’inscrit totalement dans notre stratégie globale. Nous aspirons en effet à intégrer de plus en plus de technologies et d’innovations dans nos recherches et nos prestations. Nous cherchons également à être le moins intrusif possible afin de faire vivre aux participants une expérience sans qu’ils aient l’impression d’être dans un laboratoire, entourés d’expérimentateurs.

La salle immersive nous permet d’organiser des expérimentations à distance, d’utiliser des objets connectés ou encore de coupler un questionnaire avec des capteurs physiologiques ; cela nous aide à investiguer l’expérience utilisateur sous un nouvel angle, en complément des réponses obtenues à l’aide de questionnaires. 

3. Pouvez-vous décrire brièvement votre expérience avec la salle immersive et comment elle est intégrée dans votre travail quotidien ? 

Lorsque nous mettons en place une étude qui nécessite l’utilisation de la salle immersive, nous réfléchissons au protocole et essayons d’obtenir tous les éléments permettant une expérience utilisateur la plus immersive possible. Nous travaillons sur un scénario en calibrant les sons, les odeurs ainsi que tous les autres éléments de contexte sur la vidéo 360°. La salle immersive fait désormais partie intégrante du laboratoire sensoriel. 

4. Quels types de projets ou de tâches trouvez-vous particulièrement adaptés à la salle immersive par rapport à d’autres méthodes ? 

La salle immersive est particulièrement adaptée pour la mise en contexte d’une situation de consommation alimentaire. Les autres dispositifs immersifs nécessitent du matériel tel que des casques de réalité virtuelle ; lorsque les consommateurs portent ce genre de dispositif, ils ne voient plus ce qu’ils ont dans leur assiette, ni ce qu’ils ont déjà mangé, et n’ont pas non plus de repères pour mettre les aliments en bouche. De plus, le dispositif gêne physiquement la prise alimentaire : pour boire le contenu d’un verre par exemple, le casque de réalité virtuelle n’est pas adapté car il empêche un mouvement ample du verre nécessaire pour que le liquide arrive dans la bouche.

Lorsque les consommateurs sont immergés dans la salle immersive, ils voient devant eux les aliments à tester et peuvent les goûter de manière naturelle.

5. Quels sont les avantages que vous avez observés en utilisant la salle immersive par rapport à d’autres méthodes ? 

La salle immersive permet une immersion moins intrusive qu’avec d’autres dispositifs comme le casque de réalité virtuelle. En effet, les participants à une étude n’ont aucun dispositif à porter sur eux. Le fait de ne pas porter de dispositif immersif permet également de s’affranchir des problèmes de cybercinétose (ou mal des transports virtuel).

De plus, la salle immersive permet une maîtrise des éléments de contexte en temps réel. Il est possible de programmer les effets ou de les activer manuellement pendant l’expérience. Les expérimentateurs peuvent donc maîtriser les expérimentations et les adapter, par exemple en fonction des réactions des consommateurs par exemple.

Enfin, la salle immersive comprend un dispositif d’objets connectés : cela permet d’activer ou d’arrêter un élément de contexte ou un scénario en posant un objet donné sur un boîtier. Ainsi, les participants sont acteurs de leur expérience et des scénarios différents peuvent apparaître en fonction de choix d’objets faits par les participants. 

6. Comment la salle immersive améliore-t-elle la recherche et les prestations au sein de votre équipe ou d’autres départements ? 

La salle immersive nous ouvre de nouvelles perspectives, et nous permet de mener des études auxquelles nous n’avions pas accès auparavant. Que ces études soient complémentaires ou dissociées du laboratoire d’évaluation sensorielle classique, avoir une salle immersive dans notre laboratoire est une vraie valeur ajoutée.

7. Avez-vous rencontré des défis lors de l’utilisation de la salle immersive, et si oui, comment avez-vous surmonté ces défis ? 

La salle immersive est un dispositif nouveau, peu de personnes en ont entendu parler ou ont eu l’occasion de travailler avec lui. Si nos clients, parties prenantes externes ou encore nos collaborateurs comprennent rapidement à quoi peut servir la salle immersive pendant les démonstrations, se projeter dans l’utilisation de la salle n’est pas toujours évident. Pour surmonter ce défi, nous nous efforçons de trouver des exemples appliqués à l’activité de chacun afin qu’ils puissent se projeter et imaginer des collaborations.

8. Comment la salle immersive a-t-elle influencé votre façon de prendre des décisions ou de résoudre des problèmes dans votre domaine ? 

Il nous arrive parfois de nous demander si un effet observé au laboratoire d’évaluation sensorielle est dû à l’environnement normé ou si les résultats auraient été les mêmes dans la vraie vie. La salle immersive permet de répondre à cette question et de valider ou d’invalider les résultats en mettant en place un scénario adéquat.

9. Pouvez-vous partager des exemples spécifiques de situations où la salle immersive a joué un rôle clé dans le succès d’un projet ou d’une initiative ?  Pouvez-vous partager des expériences où l’utilisation de la salle immersive a conduit à des résultats inattendus, positifs ou négatifs, et comment vous avez réagi dans ces situations ? 

Un exemple de projet que nous avons pu mener dans la salle immersive est l’étude de l’effet d’une situation agréable ou désagréable sur la perception d’une boisson.

Nous avons immergé des participants à la plage ou dans une zone de travaux bruyants, où ils avaient la possibilité de déguster un cocktail sans alcool. Notre hypothèse était que l’appréciation du cocktail était moins bonne dans la situation désagréable en comparaison avec la situation agréable. Les résultats n’étaient pas ceux attendus : il y a eu peu d’effet du contexte sur l’appréciation du cocktail. Nous en avons conclu que la situation désagréable ne l’était pas suffisamment et que certains paramètres auraient dû être mieux ciblés.

Cette étude nous a permis de prendre conscience que mener des tests dans la salle immersive nécessite des pré-tests ainsi que des mises au point relativement longues. De manière plus générale, chaque projet mené dans la salle immersive nous permet d’affiner nos protocoles et de mieux choisir les paramètres pour atteindre l’immersion souhaitée.

10. Comment les clients ou les parties prenantes externes ont-ils réagi à l’utilisation de la salle immersive dans des présentations ou des démonstrations ? 

Pour les démonstrations, nous avons mis en place un scénario à visée démonstrative qui présente l’ensemble des capacités qu’offre la salle immersive. Lorsque nous présentons la salle immersive, les clients et parties prenantes externes ont une impression très positive. Ils comprennent l’intérêt de la salle aussi bien pour la recherche que pour l’application en entreprise, certains se projettent. 

11. Y a-t-il des fonctionnalités spécifiques de la salle immersive que vous trouvez particulièrement utiles ou innovantes ? 

Le fait de pouvoir apporter des éléments de contexte en temps réel est une vraie valeur ajoutée au dispositif. En effet, cela permet à l’expérimentateur de maîtriser l’immersion tout en adaptant les effets en fonction de la réaction des participants, de la façon dont l’expérimentateur les sent immergés dans le contexte.

Au-delà des fonctionnalités, nous apprécions particulièrement le service client et la réactivité avec laquelle nous obtenons des réponses à nos questions. Il nous est arrivé plusieurs fois d’avoir un besoin précis tel qu’une fonctionnalité dans l’application par exemple. À chaque fois, l’équipe de The Lab in the Bag a tout mis en œuvre pour répondre rapidement à nos besoins. 

12. Comment mesurez-vous l’efficacité de l’utilisation de la salle immersive dans vos activités ? 

Afin de nous assurer que les participants sont immergés dans le contexte voulu, nous leur posons un certain nombre de questions à la fin de l’expérience, et notamment des questions permettant d’évaluer leur degré d’immersion. 

 

Linkedin : Mathilde Vandenberghe